Le jour se lève doucement sur ce village d’éleveurs, il accompagne les jeunes gardiens de troupeaux qui mènent leurs bêtes au puits. Le désert est partout ici, et malgré tout la vie existe, résiste. Les soldats se sont installés pendant la nuit, ils doivent fouiller ce petit village frontalier entre le Mali et le Burkina Faso à la recherche d’un chef terroriste.
Les soldats français sont engagés dans cette guerre depuis janvier 2013. L’opération Barkhane, tout d’abord nommée Serval, a stoppé l’avancée des groupes terroristes venus du nord puis les a poursuivis au nord du pays ainsi que dans la boucle du Niger. Dorénavant l’enjeu est tout autre. Il s’agit de permettre au Mali et à ses 4 pays frontaliers de consolider leur coopération, le G5 Sahel. Pour la France, l’efficacité de cette coordination sera la clé du désengagement de ses soldats. En attendant, les Français accompagnent, forment, appuient les armées du G5 tout en menant leurs propres opérations afin d’occuper le terrain.
Les uns sont loin de chez eux, pour un temps limité, engagés dans une mission qui les dépasse et qu’ils peinent à comprendre. Les autres sont chez eux, des soldats au service de leur pays, engagés eux aussi dans un conflit qu’ils n’ont pas choisi. Et puis il y a les civils, les villageois, les hommes du désert, cet environnement hostile qu’ils connaissent et maîtrisent si bien. Mais depuis quelques années maintenant, ils doivent faire face à une autre menace, le conflit qui oppose des groupes armés aux forces françaises et maliennes. Ils doivent accueillir et nourrir ces groupes entre deux visites de patrouilles militaires. Ils doivent aussi convaincre les uns qu’ils ne collaborent pas avec les autres. Car aucun d’entre eux n’est leur allié, ici c’est la loi du plus fort qui domine et ces éleveurs se placent du côté de celui qui reste.
Ils ont chacun un objectif, les Maliens veulent vivre en paix tout simplement, les soldats du G5 veulent les y aider. Quant aux soldats français, ils sont là en mission pour tenter de maintenir la stabilité obtenue après d’âpres combats en 2013, et surtout de combattre le terrorisme loin du territoire national comme ne cessent de le répéter leurs chefs jusqu’au plus haut niveau. Chacun dans sa zone, son aire, chacun seul face à ses enjeux, ses ambitions, ses rêves.