Arnaud Roiné

Indélébile Ébola.

Au cours de mon premier séjour en Guinée il y a un an, j’ai rencontré des survivants d’Ébola, nous sommes devenus amis pendant les phases de soins. Mais ma fonction me maintenait loin de leur retour chez eux et loin de leur nouvelle vie.

J’ai donc décidé de revenir à Conakry un an après pour les revoir et me consacrer à leur quotidien. Ils m’ont laissé vivre avec eux, photographier leurs vies et se sont confiés à moi. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu laisser une place prépondérante à leurs témoignages dans mes légendes. Je me suis plus particulièrement intéressé à l'après Ébola à travers les regards d'Alhassane, de Jules, de Jean, d’Oumou et de Bakary, tous sortis guéris d'Ébola et tous issus du système de santé guinéen. Qu'ils soient médecin ou laborantin, ils ont été en première ligne à l'apogée du virus. Pour preuve, ils ont perdu la moitié des leurs lorsque la maladie faisait rage. Quels meilleurs témoins ? 

Car, ce que n’aborde pas la littérature sur cette épidémie, c'est le retour à la vie normale, si le terme peut sembler adéquat. Après avoir frôlé la mort, ces cinq parcours de vie ont entamé un autre combat : celui de la réinsertion dans la société, dans le monde professionnel et dans leur famille. Les enjeux de la réinsertion sont multiples et transverses. Pour avoir été contaminés, ils ont tous été stigmatisés. 

Si le cas d'Alhassane peut s'avérer être un bon exemple de réinsertion réussie, il cache toujours aujourd'hui à ses voisins qu'il a été contaminé par Ébola. Jules, quant-à-lui, s'investit dans une association de sortis guéris pour se battre contre des clichés qui ont la vie dure. Jean, lui, a préféré se retrancher dans la solitude et s'éloigner, à l'hôpital, du contact avec les patients. De son côté, après avoir perdu son mari atteint du virus, Oumou a fui son quartier afin d'élever ses enfants loin des rumeurs et des pressions communautaires. Stigmatisé lui aussi, Bakary a perdu son emploi et a dû trouver une nouvelle source de revenus pour pouvoir continuer à vivre sa passion, la médecine.  

Si l’OMS a officiellement déclaré l’épidémie terminée le 29 décembre 2015, la Guinée doit à nouveau faire face à une résurgence du virus depuis le 17 mars 2016. Ces cinq parcours de vie nous livrent une vision quasi-exhaustive de cet autre visage d’Ébola, celui de la stigmatisation. Et cet enjeu donne à penser autrement. Car, si le nombre de sortis guéris d’Ébola s’élève à 1266*, il faut aussi prendre en compte les nombreuses victimes collatérales du virus, familles, veuves ou orphelins. 

 

*OMS : Rapport de situation sur la flambée de maladie à virus Ébola du 2 Mars 2016 

 

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