Arnaud Roiné

Cirque Plume : Une dernière et puis s'envole

Son regard malicieux et rieur est à peine voilé par ses petites lunettes rondes. Pierre Kudlak est un des neufs fondateurs du Cirque Plume. Il a le franc parlé des circassiens, et, de son lourd accent franc-comtois, il explique sans amertume : « Ce gros bateau-là, il est temps de le faire arriver au port ». 
Mais « Plume » comme ils disent, ne fait rien comme les autres. La troupe veut savourer « sa dernière saison », le titre donné à l’ultime spectacle. Le Cirque Plume a commencé sa tournée d’adieu le 19 mai 2017 et doit l’achever en 2020. 
L’aventure commence en 1984 à Besançon. Bernard Kudlak, frère de Pierre, propose à ses huit compagnons de route de créer un cirque. Musique, danse, théâtre, jongleries et autres techniques circassiennes : l’ADN du Cirque Plume est déjà en eux. Ces neuf fondateurs ajoutent « l’esprit de fête » et l’envie de partager avant tout leur poésie. Le rêve d’être des saltimbanques à plein temps va se réaliser. 
Étrangers au milieu du cirque traditionnel, ils vont innover, bousculer, créer de nouvelles formes jusqu’à s’imposer comme un des piliers du nouveau cirque. Pas d’animal, pas de clown ou de monsieur loyal. Ils mêlent « rêverie, musique et boniments » avec des numéros réalisés par d’autres artistes : « Des vrais circassiens ». Qui tracent leur sillon et vivent leur aventure. 
Le Cirque Plume grossit, sa réputation aussi. Les tournées s’enchainent partout en France et à l’étranger. Des centaines de milliers de spectateurs passent sous leurs chapiteaux pas comme les autres. Car ce n’est pas une piste que recèle le chapiteau du Cirque Plume mais une « boite noire » comme le définit Bernard Kudlak, qui ajoute : « Boîte à lumière, boîte à montrer, boîte à magie, boîte à illusion, boîte à joie, à bonheur, à plaisir, à vie pour les spectateurs et les acteurs du cirque. »
C’est à Rezé, près de Nantes, que le Plume a installé sa boite noire. Posée à l’abri d’un chapiteau de 3800 m2 qui aura nécessité sept jours et jusqu’à trente personnes pour le montage et l’aménagement technique. Le ciel est lourd en cette fin de mars et la pluie menace. Mais les sourires illuminent les visages. La troupe se retrouve après de longues semaines de coupures. Les quatorze artistes arrivent au compte-goutte et redécouvrent « leur chap’ ». Ces derniers mois, la compagnie est allée de théâtre en théâtre. « Il faut reprendre ses marques et redécouvrir le chapiteau », confie Xavier Bony, un des régisseurs plateau. Laurent Tellier-Dell’ova, bassiste, et Bernard Montrichard, guitariste, déballent leurs instruments et reprennent leur place en coulisses. Jacques Marques, associé fondateur, est là aussi. Il ouvre sa malle et dit doucement : « Ça fait du bien d’être à la maison ! »
La première est pour le lendemain, mais l’atmosphère est à la sérénité. La troupe tourne depuis presque un an et le spectacle est dans chaque tête et dans chaque corps. Pour tous, anciens ou nouveaux, pas de tristesse ou de nostalgie. Seule règne l’envie d’être sur scène et de partager la poésie et la musique si chères aux fondateurs du cirque. Encore un peu avant d’accoster définitivement

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