Regards et préjugés, la culture chez les jeunes en questions.
Iza, maîtresse de conférences à l’IUT de Laval et chercheuse en informatique à Le Mans Université.
« Je partage mon temps entre l’enseignement et la recherche. Je fais partie d’une équipe d’une quinzaine de chercheurs au sein du laboratoire informatique de l’université du Mans (Le LIUM) dont une antenne est installée à Laval. On y travaille sur l’enseignement du futur en quelque sorte, c’est-à-dire sur des outils numériques pour l’enseignement. Je me spécialise actuellement sur les serious games numériques qui sont des jeux dédiés à l’apprentissage.
Dans ces jeux, le choix de l’écran n’est pas du tout automatique. J’aide par exemple à la création d’un jeu de plateau pour apprendre les fractions et il s’avère que la version non numérique est plus appropriée car le joueur doit vérifier par lui-même au lieu de faire appel à la machine. Faire la démarche par le geste permet une plus grande assimilation. Le jeu fait en sorte que l’apprenant soit le moteur de son apprentissage, alors que dans un amphi ou une salle de cours, il est totalement passif. Du point de vue neurologique, le fait de se mettre en action est primordial pour intégrer les notions transmises. Il ne faut pas oublier non plus l’émotion que le jeu procure, cette implication émotionnelle favorise aussi la mémorisation.
Je trouve que les écrans et internet sont une fenêtre sur le monde. Mais c’est toujours la même chose : un outil reste un outil, on peut bien l’utiliser ou pas. Je pense qu’il faudrait une sorte de formation pour bien utiliser internet comme n’importe lequel des outils à notre disposition. Ça implique d’avoir un regard critique sur ce qu’on regarde, et ce n’est pas inné, il faut être éduqué.
Dans nos jeux, nous utilisons les mêmes leviers que certaines applications web car ils nous permettent de capter l’attention des jeunes. Mais là, l’enjeu est de les amener à un apprentissage. Ce type de jeu va sans doute devenir de plus en plus fréquent. Les élèves changent, ils ont une capacité de concentration moindre qu’avant, ce qui amène les enseignants à revisiter leur pédagogie.