Rkhoob est un de ces passionnés qui partage son quotidien de motard sur les réseaux sociaux. Ce doux dingue épris de liberté et de grands espaces part seul, plusieurs fois par an, sur les petites routes de France. C’est pour cette authenticité que de nombreux fabricants le soutiennent depuis le début de son aventure.
Un motard s’affaire au milieu d’une petite route du parc du Morvan. La chaude lumière de cette fin de journée d’automne baigne un de ces panoramas qu’il espérait débusquer dans cette région. Il s’est arrêté d’un coup, a garé sa moto, posé son casque et jeté son sac à dos au sol pour en extraire son matériel photo. Une douce frénésie éclaire son visage. Ce passionné de photo est hypnotisé par le paysage qui s’offre à lui. Kit installe son boitier sur trépied, place sa moto dans le cadre et réserve une place pour son second sujet : lui et ses équipements. Télécommande en main, il enchaine les poses, de face, de dos, avec ou sans casque alors que la journée s’étire et que le soleil se couche doucement.
Cela fait quatre jours que Kit a quitté le Tarn-et-Garonne où il vit avec sa femme et ses deux enfants. Son « ride » va durer une quinzaine de jours et pas question d’emprunter les grands axes. Ce flâneur solitaire emprunte les plus petites routes possibles à la recherche d’un « spot » qu’il pourra exploiter visuellement. Kit est plus connu sur les réseaux sociaux sous le pseudo de RKHOOB. Photographe professionnel, ce jusqu’au-boutiste est devenu par le jeu des rencontres, l’ambassadeur d’une bonne dizaine de fabricants d’équipements dans le milieu de la moto.
Ce n’est pas la crise de la quarantaine qui a poussé cet ancien militaire à passer son permis moto sur le tard mais plutôt l’envie de renouer avec la passion photographique : « je ne faisais plus que des travaux alimentaires, principalement pour des grands groupes du BTP et je sentais ma passion pour l’image se faner petit à petit. » Il décide donc de passer son permis moto en 2016 avec à l’esprit le film Easy rider et la liberté qui s’en dégage. Pouvoir se balader le nez au vent avec pour unique but de faire des images.
Il commence par de petites balades autour de chez lui mais très vite il a besoin de plus. Il recherche les lieux qui se rapprochent visuellement des grands espaces américains. Un dimanche il décide de partir à l’aventure. Il charge sa Honda 500 Four presque aussi vieille que lui. « J’ai décidé d’aller à Biarritz pour un festival de moto vintage mais en faisant un petit détour par le désert des Bardenas en Espagne. » Et c’est dans ce lieu qui lui inspire des images des années 70, qu’il commence à prendre sa vieille moto en photo. « Le paysage ne me satisfaisait pas et j’ai tout naturellement intégré la 500 Four, elle m’a tout de suite inspiré, comme une muse ! » RKHOOB nait dans les Bardenas lorsque Kit commence à se mettre en scène avec sa moto « parce qu’il manquait une présence humaine ».
Il arrive à Biarritz couvert de poussière après quelques centaines de kilomètres et des nuits de bivouac. Il déambule entre les stands du festival vintage et découvre celui du fabricant italien dont il porte un modèle de chaussures depuis près d’un an. A peine pose-t-il le pied dans la boutique qu’il est interpellé par une responsable de la marque, qui reconnait un de ses modèles. Elle est stupéfaite de les voir tannées par le temps et la poussière du désert. Harcelé de question, Kit montre ses photos sans se douter des conséquences.
En quelques semaines tout s’accélère. À la demande du fabricant de chaussures, Kit les recontacte quelques jours après son retour de Biarritz. Ils veulent absolument travailler avec lui. Il n’a qu’à choisir les modèles qui l’intéresse et il les recevra par livreur. Il a du mal à y croire, mais pourquoi se contenter de chaussures ? Près de trois ans après avoir passé son permis, Kit est équipé de la tête aux pieds. Une dizaine de fabricants lui font confiance pour promouvoir l’image de leurs produits. Bagagerie, casques, pantalons, vestes, lunettes, le garage de la maison familiale ressemble plus à un hall d’exposition de revendeur qu’au bureau d’un photographe spécialisé dans l’architecture. Alors qu’au début il auto-finançait ses sorties, maintenant des marques prennent ses frais en charge. Kit reste lucide : « c’est très compliqué de tirer un revenu de cette activité. Je souhaite juste ne plus avoir d’argent à sortir de ma poche et continuer à vivre ma passion. » Un de ses sponsors confie
qu’il collabore avec RKHOOB pour son authenticité. « Il vit au quotidien avec nos équipements, et ça fait toute la différence avec les commandes que nous faisons pour nos catalogues auprès d’autres photographes. »
C’est cette authenticité que Kit est venu chercher dans le Morvan. L’automne peine à s’installer en ce mois d’octobre. La végétation semble vouloir s’accrocher à l’été indien qui persiste sur l’hexagone. De grands pins centenaires, des feuillages rougeoyants, des lacs. Ces images le transportent au Canada. Comme à chacun de ses quatre périples annuels, Kit à chargé sa moto de tout le matériel nécessaire pour ses bivouacs. Une carte IGN fixée sur son réservoir, il arpente les chemins à petite vitesse, et c’est au bord d’un lac de la Nièvre qu’il décide d’installer sa tente. La lumière de fin journée fait flamboyer les Trembles qui bordent l’eau calme et froide. Le décor est idéal pour les images du soir. Le trépied, l’appareil photo, télécommande à la main, RKHOOB se met en scène devant un feu de camp. Puis c’est au tour du smartphone afin d’alimenter sa « story » fidèlement suivie par plus de 4500 abonnés. Une fois la nuit tombée, Kit sirote un whisky au coin du feu après avoir pris un bain glacé. Il a déjà les yeux rivés sur le prochain « trip » qu’il espère à l’étranger.