Pontmain, 900 habitants, une basilique, deux bars, trois restaurants, une supérette... Et un haut lieu de pèlerinage installé dans le bocage, à la frontière de la Manche, de l’Ille-et- Vilaine et de la Mayenne. Les chrétiens s’y rendent avant tout pour célébrer l’apparition de la Vierge Marie le 17 janvier 1871.
« Les gens viennent ici pour dé- poser leur fardeau avant de retourner plus légers à leur vie. » C’est comme ça que le père Bernard Dullier explique une des principales rai- sons de l’afflux des pèlerins. Ce missionnaire oblat de Marie Immaculée est chapelain du sanctuaire depuis plus de neuf ans et il le constate : « En presque dix ans, le sanctuaire a vu grandir le nombre de visiteurs de plus de 100 000 personnes par an. » Pour atteindre une moyenne de 300 000 en 2017.
« Pluie matinale n’est pas journal ! » s’exclame sœur Paulette en la regardant tomber depuis son petit bureau d’accueil. Ce petit bout de femme est à l’affût des besoins et répond aux sollicitations des pèlerins hébergés pour la nuit. C’est le cas pour ce di- manche des Rameaux. « Tous les logements sont occupés. Nous avons beaucoup de pèlerins. Ils viennent surtout pour se ressourcer. »
L’esplanade de la basilique érigée par Pie X en 1905 se remplit douce- ment alors qu’approche l’heure de la bénédiction. Certains s’inclinent devant la statue de la Vierge installée à l’endroit exact où l’on commémore l’apparition. À l’époque, alors que la France combat les Prussiens, quatre enfants de la commune ont expliqué voir une « belle Dame » dans une « robe bleue semée d’étoiles d’or ». Les visiteurs se regroupent à l’entrée de la basilique dont la silhouette domine le village, alors que les chapelains s’habillent de rouge dans la sacristie. Denise Bringtown observe les va-et-vient à travers la vitrine de sa boutique. Cette retraitée est bénévole pour le sanctuaire depuis douze ans. Elle tient une des deux échoppes de souvenirs dont le diocèse est propriétaire : chapelets, statuettes de la Vierge vêtue de bleu, magnets pour les réfrigérateurs...
Un couple qui « vient chaque année aux Rameaux » verse plusieurs dizaines d’euros pour des modèles de statuettes fabriquées au Vietnam. Le Made in France coûte plus cher... Mais Denise croit plutôt « que les gens ont surtout besoin d’écoute. Et ils la trouvent aussi dans ma boutique. » L’émotion la submerge alors qu’elle se souvient des confidences d’une maman le jour de la fête des Mères.
Ce dimanche des Rameaux est rythmé par des célébrations qui at- tirent un large public. Renaud Saliba est lui aussi chapelain au sanctuaire. Pour lui, « beaucoup de chrétiens veulent vivre leur foi à leur rythme. Ils trouvent dans le pèlerinage la liberté de pratiquer en choisissant les moments de prière ou de ré- flexion. » Et ajoute : « C’est à l’image de la société actuelle et l’Église tente de s’adapter en dynamisant ses sanctuaires. »