Nicolas VERMECH,
Infirmier au centre de traitement des soignants (CTS), 
le 23 février 2015. « Avec le premier patient, on passe la limite rouge, on se rend compte que ce n'est plus un exercice. On fait sa « check-list » avant d'entrer en zone rouge, on sait ce qu'on a à faire, mais il y a néanmoins un facteur stress très important. C'est la première entrée en zone rouge avec patient qui est la plus pénible et ensuite l'habitude faisant, on rentre de plus en plus facilement. On ne rentre pas plus de deux fois par jour en zone rouge au vu des conditions car on perd environ 1 litre d'eau pour 1 heure de travail. Les patients sont très curieux de voir à quoi on ressemble sous nos tenues bleues et grâce à une tablette mise à leur disposition, ils peuvent avoir accès à nos portraits. Ils sont physionomistes et nous reconnaissent rien qu'à nos yeux et il y a un lien qui se crée, ils nous montrent des photos de leur famille et nous posent des questions sur les nôtres.... Avant d'être des patients, ce sont des soignants et on a comme une relation de collègues de travail, car on a la même profession on aurait presque pu travailler dans le même service.... Je vais longtemps garder en mémoire ma première entrée en zone rouge. J'ai effectué 5 minutes de soins mais je suis resté 45 minutes avec le patient, il me tenait la main et me demandait de ne pas partir. Il m'a parlé de sa famille, comment il a vécu son arrivée, qui avait été difficile, le ressenti de ses collègues et amis, l'anxiété qui en découlait, la peur d’être contaminé alors qu'il devait se marier la semaine suivante. Il avait besoin d’extérioriser tout son mal-être. Lorsqu'il a appris qu'il était « ébola négatif », il a invité toute l'équipe du CTS à son mariage. »

Chargement…
Nicolas VERMECH,
Infirmier au centre de traitement des soignants (CTS), 
le 23 février 2015.
« Avec le premier patient, on pa...